23 septembre 2025
L'algorithme des reels/shorts, avant que je ne provoque moi-même les recherches spécifiques cherchant des femmes anglophones faisant du stand-up, avait bien compris, d'après les pauses faites dans le doom-scrolling, d'après mon comportement vis-à-vis du contenu déversé de force dans mon fil d'actualité, mon intérêt pour l'exercice scénique, mais ne me présentait par défaut que des hommes.
Je ne sais plus bien, le monde, comment il fonctionne, comment il dysfonctionne. On "reconnaît" un nouvel État, on se déchire là-dessus, les morts restent morts, s'empilent. Le vrai problème c'est toujours d'essayer d'empêcher une nouvelle vie de partir, puis une autre, puis douze, puis quarante d'un coup, etc. On file sur la flèche empoisonnée du temps. Les conditions de cette reconnaissance sont-elles réelles, au sens où, comme elles ne sont pas actives (aucune), mais qu'on a déjà hissé le drapeau, ça veut dire quoi ? Un geste, un espoir ? Au fond des débats des fils de discussions sans corps, la question arrive assez vite de qui a voulu détruire qui en premier. C'est à qui lancera la date la plus ancienne. Personne ne répond jamais : les hommes riches veulent détruire leurs pauvres et les femmes, peu importe la méthode, et les envoyer tuer les pauvres des autres est une solution comme une autre. La tentation d'écrire "la haine est totale" existe, mais la haine n'est pas totale, c'est ce qui sauve l'humanité, malgré cette habitude millénaire du meurtre de masse, on pourrait dire cette tradition bien terrienne ; humaine pardon. Peut-on toujours égaliser les volontés, les actes ? Non, chacun·e aura son propre deuil de l'humanité à faire, d'une partie seulement.
En Russie, il existe un système de russification d'enfants ukrainiens prisonniers. Je ne sais pas si ça fonctionne. On sait que ça a déjà fonctionné, dans les conditions imposées par l'Empire Romain au IIé siècle. Ces mots qui existent. À ne rien comprendre à ce qui se passe, à ne me reconnaître dans aucun drapeau, aucune église, aucun -isme, et à rester stupéfait, inanimé, face aux ceux qui se placent, se hissent, bousculent et occupent espace et parole, contrôlent et dirigent, à ne pas comprendre pourquoi ça fonctionne comme ça, j'ai l'impression d'être un enfant qui n'aurait pas été mondifié.
Une ONG surveille le risque génocidaire dans le monde. Il y a une liste des pays à risque. La République Démocratique du Congo (ancien Zaïre) est en haut de cette liste (avec d'autres...). Depuis 1996, la guerre, ou les conflits, comme on choisit des les appeler, y totalisent six millions de morts. Ce chiffre fait écho. Genocide Watch définit 10 stades d'identification du risque, et les accompagne d'une carte cliquable. Les États-Unis cochent plusieurs stades. Stade 3 : discrimination, stade 4 : déshumanisation, stade 10 : déni. Les auteurs y sont : gouvernement U.S. (historique et actuel), police d'État, groupes suprémacistes blancs, institutions issues du colonialisme (aspect historique). Les victimes : Natifs américains, Noirs. Concernant la Palestine, les auteurs perpétrant les stades 6 (polarisation) et 7 (préparation), sont le gouvernement et l'armée israélienne, ainsi que le Hamas. Les victimes sont : habitants des territoires occupés, Palestiniens citoyens d'Israël, victimes des crimes de guerre, personnes LGBTQIA+, résidents du Liban. Le stade 9 (extermination) n'est pas indiqué sur la carte (car elle date de mai), mais a été défini, en fait tous les 10 stades l'ont été, dans le rapport de juillet. En France, nous cochons deux stades, par l'intermédiaire du gouvernement et des partis d'extrême droite : le 3 (discrimination), le 6 (polarisation), visant les Musulmans, les Juifs, les Rroms. Parmi les stades que la Russie a enclenché, le stade 9, extermination (Ukraniens, journalistes, opposants politiques, LGBTQ+, défenseur·euses des droits de l'homme). Les dix stades sont ici, la carte est aussi là. Il reste beaucoup de pays à parcourir.
Photo : agrandissement d'une page de 20th Century Boys, manga de Naoki Urasawa, à la Maison de la Culture d'Amiens.