Quand on ne sait pas s’il faut en rire ou en pleurer, ce peut être l’annonce d’une dépression prochaine ou d’un climat de distorsion entre le monde et le moi, le moi — qui que ce soit au juste et quoi que ce soit au juste que « moi » et moi — se trouvant en déséquilibre, là où, jusqu’à présent, il se tenait à peu près droit, quelque chose se dérobe, peut-être que tout s’était toujours dérobé et qu’il vient tout juste de s’en apercevoir, peut-être qu’il n’y a jamais eu de fondement, jamais de roc réellement dur sur lequel la bêche de nos certitudes eut pu venir se tordre et se briser, et alors il faudrait en rire, peut-être aussi que tout s’effondre, que tout s’est effondré il y a bien longtemps, que les certitudes ni les illusions ne sont plus pour nous, et alors il faudrait en pleurer, on ne sait pas, ou bien l’on sait que les deux en même temps sont des attitudes vraies, rire et pleurer, et alors c’est la dépression. Quand on consulte la fiche Wikipédia xxxxxxxx xxxxxxxx xxxxxx xxxxxxxxx xx x xxxxxx xx x . xxxxxx x x x x xxxxxxx xxxx x xxxxxxxxxxxxx xxxxxxxx x x x xxxxxxxxxxxxxxx xxxxxxxxxx x xxxxxxxx xxxxxxxx xxxxxx xxxxxxxxx xx x xxxxxx xx x . xxxxxx x x x x xxxxxxx xxxx x xxxxxxxxxxxxx xxxxxxxx x x x xxxxxxxxxxxxxxx xxxxxxxx xxxxxxxx xxxxxxxx xxxxxx xxxxxxxxx xx x xxxxxx xx x . xxxxxx x x x x xxxxxxx xxxx x xxxxxxxxxxxxx xxxxxxxxx xxxxxxxx xxxxxx xxxxxxxxx xx x xxxxxx xx x . xxxxxx x x x x xxxxxxx xxxx x xxxxxxxxxxxxx xxxxxxxx x x x xxxxxxxxxxxxxxx xxxxxxxxxx x xxxxxxxx xxxxxxxx xxxxxx xxxxxxxxx xx x xxxx (*) Il y a une médiocrité qui aurait quelque chose de comique si tout cela ne se paraît des apparences de la profondeur, de la conviction, du combat politique et de l’engagement. Ces individus peuplent notre petit monde social, et la situation politique mineure que nous vivons depuis hier, dans le psychodrame classique de la postmodernité occidentale, où le tragique s’obscurcit en néant jusqu’à ce qu’il ne soit plus possible de les distinguer l’un de l’autre, n’est que le prolongement des fantasmes auxquels une certain façon de voir le monde — partiale, unilatérale, convaincue de sa véracité et satisfaite d’elle-même — donne lieu : à force de fantasmer, quelqu’un finit toujours par passer à l’acte. Car, ce n’est pas tant notre inconscient qui serait collectif que notre fantasme, lequel n’a rien de dissimulé, de latent, de caché, mais se trouve là, à la vue de tous. Il n’y a rien qui ne soit politique, ne cesse-t-on de nous rabâcher depuis un peu plus d’un demi-siècle — pas plus la science que le fond des petites culottes, pas plus les orgies de Néron que l’interprétation de l’art pariétal préhistorique —, par quel miracle, dès lors, se pût-il qu’un domaine de la vie sociale y échappât ? C’est une fiction si mauvaise qu’on voit bien qu’elle ne tient que par des articulations rhétoriques qui bafouillent grossièrement. Le fantasme est le nez au milieu de la figure de Cyrano : tout le monde le voit, tout le monde tremble de le nommer et, la tirade est trop célèbre pour la rappeler, on apprend à ses dépens ce qu’il en coûte de violer l’interdit. Mais c’est un peu court car, si l’interdit se viole, c’est dans les deux sens, et la société, c’est cela : la sens autorisé de la violation. C’est trop bête — je veux dire aussi : trop évident —, mais tant pis : il n’y a pas société plus effrayée par ses propres tabous que celle qui prétend « en finir avec les tabous ». En rire ou en pleurer, mais de quoi ? De tout. Comment échapper au sentiment lucide que tout est plongé dans cette indétermination de bêtise, d’absurdité, de tricheries mesquines ? Si, vers la fin, on a l’impression de ne plus pouvoir se fier à rien, ce n’est pas que l’on soit revenu de tout, qui a déjà été fait, qui plus est, mais que les conditions d’une confiance ne sont tout simplement pas réunies et ne le seront peut-être jamais, voire ne l’ont jamais été. Tant que les dogmes sont puissants, l’illusion s’entretient, mais dès que les lumières se mettent à briller, l’illusion détruite, les dogmes n’ont plus force de loi, apparaissent au contraire pour ce qu’ils sont, comme tout le reste, à savoir : des constructions où l’arbitraire et la partialité ne sont pas plus absents qu’ailleurs. Le processus égalitaire, pourrait-on dire, ne connaît pas de terme, de fin, il s’applique à tout, indifféremment, ainsi le veut l’égalité, qui ne fait pas de différences, qui est l’annihilation des différences. L’immanence totale est une ontologie plane, où les entités se peuvent multiplier à l’infini (rien ne les retient qu’elles-mêmes), mais qui se trouve aussi sans reliefs. Or, dans cette absence de reliefs, se manifeste l’absence de raison de préférer une chose plutôt qu’une autre (est-il étonnant que l’immanentiste soit fasciné par la figure de Bartleby ?), de préférer toute chose à toute autre, de préférer quelque chose à rien, de préférer sa perpétuation à sa disparition pure et simple ? Il n’est pas contraire à la raison égalitaire de préférer la destruction du monde à n’importe quoi. À la fin du processus d’égalisation, il n’y a rien qui soit préférable à rien. Quand tout se vaut, toutes les valeurs se valent qui sont égales au même, égalent à zéro (= 0). L’égalitarisme n’est pas une forme de nihilisme en soi, c’en est le préliminaire le plus naïf qui soit. Il gonfle sa poitrine d’espoir et s’anéantit dans le désespoir de la course aux profits et de la raison du plus fort. Ou l’univers humain réduit à sa plus pure et plus parfaite imbécilité.
(*) Dans la version “en ligne” de ce journal, les passages surlignés de la sorte xxxxxxx xxxxxxx indiquent une censure a priori pour des raisons personnelles, politiques, paranoïaques, politico-personnelles, ou purement esthétiques. Ces passages ne sont pas destinés à être dévoilés dans un avenir proche ni sans mon consentement avant ma mort, après quoi, évidemment, chacun fera ce qu’il voudra, et probablement rien.
